Bonsoir
C. Tresmontant n'envisage, en fait, que trois métaphysiques principales, qui sont toutes d'accord sur le même point de départ "ex nihilo nihil" . Du néant, ne peut rien sortir. (cf.
L'Etre ou le Néant, d'après Tresmontant extrait de "Les métaphysiques principales")
C. Tresmontant a écrit:
L'un des problèmes auxquels la pensée humaine a été affrontée depuis nombre de siècles, c'est celui de l'être et du néant. La pensée humaine a vu très vite que, du néant absolu, c'est-à-dire de la négation de tout être quel qu'il soit, il est impossible de concevoir la naissance, ou la genèse, ou le surgissement, ou le commencement de quoi que ce soit. Ex nihilo nihil. C'est peut-être le seul point sur lequel où à propos duquel la pensée humaine soit d'accord avec elle-même, en ses diverses branches, en ses divers rameaux. Du néant absolu, aucun être ne peut surgir. Il en résulte donc forcément qu'il a toujours existé quelque être. Sur la nature de cet être qui existe nécessairement et qui a toujours existé, la pensée humaine diverge. Mais sur le principe de fond, à savoir que du néant absolu aucun être ne peut surgir ou commencer d'être, elle est d’accord avec elle-même.
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Toutes les grandes ou principales traditions métaphysiques sont d'accord pour reconnaître qu'à partir du néant absolu, ou négation de tout être quel qu'il soit, il est impossible de concevoir le commencement ou le surgissement de quoi que ce soit.
La grande tradition métaphysique moniste et acosmique affirme l'existence de l'Être unique qu'elle appelle le Brahman. Tout le reste n'est qu'illusion ou apparence. Il existe quelque être nécessaire qui n'a pas commencé, qui ne finira pas, qui ne s'use pas, qui ne vieillit pas et qui n'évolue pas, — c'est le Brahman. Tout le reste est illusion et apparence.
La grande tradition matérialiste affirme elle aussi qu'il existe quelque être éternel dans le passé, éternel dans l'avenir, sans commencement, sans évolution, sans vieillissement et sans usure, — c'est l'Univers physique. Il est l'Être à proprement parler. Puisqu'on ne peut pas concevoir le commencement de l'Être à partir du Néant absolu, et puisque l'Univers physique est l'Être lui-même — il en résulte évidemment que l'Univers physique n'a pas commencé. Il est incréé, puisqu'il est l'Être lui-même. Il est inusable, impérissable. C'est lui l'Être nécessaire.
La tradition hébraïque affirme qu'il existe quelque être qui est nécessaire, qui n'a pas commencé, qui ne finira pas, qui n'évolue pas, qui ne s'use pas, qui ne vieillit pas. — Mais la tradition hébraïque pense que cet Être qui est l'Être nécessaire, n'est pas l'Univers physique. C'est ainsi qu'elle se distingue de la grande tradition matérialiste. Elle se distingue de la grande tradition idéaliste, moniste et acosmique, par le fait qu'elle affirme l'existence réelle et objective de l'Univers physique.
Nous sommes donc en présence de trois thèses, de trois doctrines ou de trois écoles....
Et une grande partie de l'œuvre 'métaphysique' de C. Tresmontant va consister à montrer que la seule métaphysique compatible avec le réel, la réalité de l'univers, c'est la tradition, la thèse, la doctrine hébraïque:
Dieu est l'Être absolu, unique, incréé, nécessaire, éternel. L'Univers, lui, est créé, contingent, et aura une fin.