Bonjour,
depuis que l'homme est l'homme, l'existence de la souffrance et du mal reste un mystère, même si nombre d'explications, ou tentatives d'explications, ont été avancées.
Certains utilisent cette souffrance soit pour nier Dieu, soit pour nier sa toute puissance, soit pour faire de Dieu un être pervers.
Sur le mystère du mal et la "vraie nature de Dieu", tout son mystère me semble bien résumer ci-dessous (les questions sont posées, à chacun d'y répondre, avec l'aide de sa conscience et/ou de l'Esprit Saint) (extrait de
la question du malCiter:
1) Le procès
A en croire Nietzsche, "ce qui révolte à vrai dire contre la douleur ce n’est pas la douleur en soi, mais le non-sens de la douleur" [2]. L’homme qui souffre a donc besoin de lui trouver, sinon un sens, du moins un responsable, un coupable à qui s’en prendre. Car le statut de victime est encore préférable à celui de coresponsable (même - surtout ! - si cette part de responsabilité est très faible !).
Dans cette perspective qui consiste à innocenter l’homme, il ne reste plus, si l’on récuse les thèses manichéistes selon lesquelles l’homme serait tiraillé entre deux puissances antagonistes, qu’à s’en prendre à Dieu, reconnu comme le Maître de l’histoire. Et si l’on répugne à voir en Lui l’auteur du mal, du moins faudra-t-il chercher à comprendre pourquoi Il le permet ! On n’échappe pas ainsi au terrible soupçon portant, non pas sur l’existence de Dieu, mais sur sa nature : ou bien Dieu est bon et dans ce cas, puisqu’il ne peut empêcher le mal, c’est qu’il est impuissant; ou bien il est Tout-Puissant et dans ce cas, puisqu’Il tolère le mal, c’est qu’il n’est pas bon. L’objection est forte et a depuis longtemps stimulé la réflexion des philosophes et des théologiens. Elle a redoublé d’intensité avec le drame de la Shoah.
La Bible elle-même porte trace de ce procès intenté à Dieu et - plus souvent - à ceux qui mettent en Lui leur confiance. "Où est ton Dieu ?", telle est bien la question lancinante que les païens adressent aux croyants dans l’épreuve (Ps 42/4,11; 79/10; 115/2; Mi 7/10; Mal 2/17) comme à Jésus lui-même lorsque, sur la croix, la puissance et la bonté de Dieu sont directement mises en cause (Mt 27/41-44).
2) La théodicée
Si le mot remonte à Leibniz, l’entreprise visant à innocenter Dieu du terrible soupçon porté contre Lui est fort ancienne.
On a d’abord cherché à gommer ou du moins affaiblir la réalité du mal. Ainsi le mal ne serait qu’une apparence (argument cosmologico-ontologique de Parménide repris par les apologistes chrétiens et notamment St Augustin : cf. Les Confessions,I,6 et III,7), une simple illusion d’optique disparaissant dès que l’on pense à la totalité (thèse de la morale stoïcienne reprise dans l’hégélianisme) baptisée Providence en théologie chrétienne, ou bien la condition inévitable mais transitoire d’un plus grand bien, ou encore le revers nécessaire du bien.
Notons que dans cette ligne de pensée s’inscrivent certains passages de l’Ancien Testament qui soulignent le fait que le mal peut permettre un bien, ou du moins éviter un mal plus grand (cf. Gn 50/20). C’est ainsi que la mort prématurée du sage le préserve de pécher (Sg 4/17-20) et que, ne pouvant avoir d’enfants, l’eunuque et la femme stérile ne verront pas leurs enfants se dévoyer ! (cf. Sg 3/13)
On a ensuite, avec Bergson notamment [3], dénoncé le vice de méthode qu’il y avait à prétendre déduire l’existence ou la non-existence de Dieu à partir d’une conception arbitraire de sa nature. Mais ce contre-feu ne fait que renforcer le soupçon portant sur la possibilité d’affirmer à la fois la bonté et la toute-puissance de Dieu ! ...
La véritable question, je la résume, serait donc, soit "Que veut réellement Dieu?", soit "
L'existence du mal contredit elle la toute puissance (ou la bonté) de Dieu" . C'est une (double) question lancinante, au moins depuis les lamentations de Job ...